Relations fournisseurs et achats responsables
Afin d’optimiser la conformité des fournisseurs aux critères RSE officiels, l’état favorise l’utilisation de normes et d’indicateurs. Pour les acheteurs d’entreprises, cela réduit le risque, et permet une traçabilité plus claire de la performance des fournisseurs.
Une mise en place progressive est prévue pour la montée en compétence des achats responsables et leur gestion plus étroite de la performance extra financière de leurs fournisseurs.
CSRD et ESRS : la nouvelle réglementation RSE en 2025
Depuis le 1er janvier 2024, la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) impose aux entreprises européennes un reporting extra-financier détaillé. Celui-ci doit suivre les ESRS (European Sustainability Reporting Standards).
👉 Objectif : rendre le reporting durable comparable et transparent à l’échelle de l’UE.
Calendrier CSRD en France et en Europe
2024 : grandes entreprises déjà soumises à la NFRD/DPEF publient leur premier rapport de durabilité (exercice 2024, publication en 2025).
2025 : extension aux ETI et grandes entreprises dépassant certains seuils financiers (reporting en 2026).
2026 : inclusion progressive des PME cotées (reporting en 2027).
🔎 Source : CSRD – informations officielles
Double matérialité : un concept clé de la CSRD
La double matérialité est au cœur des ESRS (consultez notre article sur la double matérialité) :
Inside-Out : mesurer l’impact des activités de l’entreprise sur la société et l’environnement.
Outside-In : évaluer comment les enjeux RSE (climat, droits humains, ressources) affectent la performance économique de l’entreprise.
En 2024, l’ESMA (European Securities and Markets Authority, autorité indépendante chargée d’harmoniser et de superviser le reporting durable en Europe.) a publié une guidance expliquant comment fiabiliser la collecte et la vérification des données ESG.
🔎 Source : ESMA
Indicateurs prioritaires à suivre (CSRD/ESRS)
En France, la CSRD a été transposée par ordonnance le 6 décembre 2023. Ainsi, les indicateurs prioritaires attendus dans les reportings liés à la durabilité sont les suivants :
Emissions de CO₂ (scopes 1, 2 et progressivement 3),
Consommation énergétique et part d’énergies renouvelables,
Respect des droits humains dans la chaîne d’approvisionnement,
Egalité professionnelle et gouvernance.
Ces critères sont incontournables pour assurer la conformité du rapport CSRD et visent à rassurer les financeurs, clients et investisseurs.
🔎 Source : EFRAG – ESRS standards
⚠️ Mise à jour CSRD – été 2025
Quick-fix ESRS (juillet 2025) : Pour les exercices 2025 et 2026, les entreprises (vague 1 – entreprises déjà soumises) ne devront pas publier plus d’informations que celles déjà publiées pour 2024.
- Seuils CSRD – CSDD : Relever le seuil d’applicabilité de 250 → 1 000 salariés, pour un périmètre d’entreprises finalement réduit pour le reporting CSRD. A priori, le périmètre de la CS3D devrait lui aussi être réduit.
Stop the clock (avril 2025) : Report de 2 ans de l’entrée en vigueur pour les vagues 2 et 3 :
Reporting initialement prévu en 2026 → repoussé à 2028.
Reporting initialement prévu en 2027 → repoussé à 2029.
Chaîne de valeur : obligation limitée à l’entité elle-même, réduisant la complexité et l’effet de cascade sur les fournisseurs.
ESRS simplifiés (juillet 2025) : L’EFRAG a lancé une consultation publique sur des versions allégées des ESRS – Consultation ouverte jusqu’au 29 septembre 2025.
Loi Omnibus : révision en cours
Le paquet Omnibus sur la simplification des normes de reporting est censé aboutir d’ici l’année prochaine. Les propositions sont encore en discussion au Parlement et au Conseil afin de :
Revoir les seuils d’entreprises concernées et alléger le reporting.
Réduire les exigences sur la chaîne de valeur.
Permettre aux PME cotées <1 000 salariés d’appliquer un standard volontaire (VSME) sans double matérialité.
Néanmoins, plusieurs acteurs (investisseurs, ONG, régulateurs) critiquent le risque de perte de transparence.
🔎 Source : Novethic prochaines étapes RSE – Novethic Omnibus
👉 À retenir : en 2025, la CSRD actuelle s’applique toujours. Mais des assouplissements majeurs sont en négociation : seuils relevés, délais allongés, reporting simplifié. La fonction achats doit rester vigilante, car même si le cadre réglementaire s’allège, la demande de données RSE des clients, investisseurs et marchés reste forte.
La prochaine étape pour la CS3D, comme pour la CSRD, se déroulera cet automne.
La fonction achats au cœur de la conformité RSE
Etape 1 : comprendre les nouveaux enjeux
Les directions achats en France et en Europe deviennent stratégiques pour la collecte de données ESG :
Traçabilité des fournisseurs,
- Calcul et amélioration de l’empreinte carbone,
- Consolidations des certifications sociales et environnementales,
- Preuves documentaires fiables (compilation des attestations, assurances etc).
Etape 2 : intégrer la RSE dans la routine achats
Pour répondre aux obligations CSRD, les équipes achats doivent intégrer la RSE dans leur suivi de la base fournisseurs :
- Scorer les fournisseurs : attribuer une note intégrée aux appels d’offres.
- Audits ciblés : concentrer les contrôles sur les fournisseurs à risque élevé.
Mettre en place des objectifs RSE : jalons ESG, pénalités/bonus selon performance, etc.
Digitaliser la donnée achats liée au reporting extra financier : pour faciliter l’accès et fiabiliser la consolidation des données pour un reporting conforme ESRS.
- Établir un référentiel de preuves : bilans GES, documents de vigilance, labels RSE, audits.
👉 C’est la systématisation de ces pratiques qui permettent de transformer le reporting RSE en véritable avantage concurrentiel.
Pourquoi impliquer les achats?
Dégager la valeur ajoutée de la fonction achats face à la CSRD
Grâce au suivi étroit de la base fournisseurs, la fonction permet à l’entreprise d’améliorer son score sur les critères ESRS, et donc de renforcer la compétitivité et de baisser les coûts.
Réduction des risques liés aux fournisseurs et partenaires commerciaux : en 2024, la France a connu 67 830 défaillances d’entreprises (+18 709 au T4)
Accès facilité aux marchés : de nombreux appels d’offres incluent désormais des critères RSE.
Optimisation des coûts : l’écoconception et la sobriété énergétique réduisent le coût total de possession.
Amélioration de la crédibilité financière : les banques et investisseurs conditionnent leurs financements aux performances ESG de l’entreprise et de ses fournisseurs (rang 1 en priorité).
Conclusion : de la contrainte à l’opportunité
En 2025, la conformité CSRD et ESRS est une obligation pour les entreprises françaises et européennes qui visent à se standardiser, même si elle est allégée dans un premier temps. Mais c’est aussi un levier stratégique pour :
Favoriser l’accès à de nouveaux marchés,
Renforcer l’attractivité auprès des financeurs,
Se différencier de la concurrence.
A ces multiples titres, les directions achats qui sauront intégrer l’ESG dans leurs processus feront de la RSE un réel facteur clé de performance durable.